J’ai été éduquée par une mère célibataire.
Cela ne veut pas dire que mon père n’était pas présent, mais il n’était pas là, géographiquement parlant
Elle nous avait avec elle au quotidien.
Sauf un week-end sur deux et la moitié des vacances scolaires.
Quand ils se sont séparés, j’avais 3 ans, et mon frère venait à peine de naître.
Je n’ai jamais pris la mesure de ce que cela voulait dire véritablement, je crois même que toute ma vie, j’ai été sévère avec elle.
Et puis je suis devenue mère.
Très vite, alors que mon fils avait à peine quelques semaines, je n’ai cessé de penser à elle.
À partir du moment où j’ai pris conscience du tsunami que j’étais en train de vivre. Ce tsunami d’amour d’émotions d’injonctions de fatigue d’épuisement.
J’ai pensé à elle en me disant « et donc elle a vécu ça en solitaire » ? Quand Noé avait 3 mois, que j’étais au bout du rouleau, je me disais « mais donc elle a vécu ça, pareil, sauf qu’elle, elle l’a fait sans partenaire ? »
Je me suis rendue compte à ce moment-là à quel point les mères célibataires étaient des guerrières.
J’ai repensé aux larmes de ma mère, à sa fatigue, à ses maux de tête, et j’ai surtout repensé à tous les sacrifices qu’elle a fait, pour qu’on est tout, tout, que l’on ne manque de rien, ni d’amour, ni de valeurs, ni des conneries de cour de récré qu’elle se battait pour nous acheter quand même, malgré les fins de mois, malgré tout ça.
Je trouve qu’on parle peu des mères célibataires. Ou peut-être que ce sont elles qui parlent peu. Peut-être parce qu’elles n’ont pas le temps de le faire. Peut-être aussi parce qu’il y a quelque chose que la société n’accepte pas avec elles. D’ailleurs combien d’années a-t-il fallu pour que l’État couvre enfin les femmes à qui les pères ne payent pas de pension alimentaire ?
À chacune de nos victoires, avec mon frère, elle est la première qu’on appelle. Je crois qu’elle sait mieux que moi le chiffre d’affaires que La Food Locale génère.
Je crois que chacune de nos victoires c’est d’abord pour elle. Parce que c’est en partie grâce à elle. Grâce aux sacrifices énormes qu’elle a fait pour qu’on s’en sorte.
Les mères célibataires ont moins d’argent que les autres. Moins de temps que les autres. Certainement plus d’inquiétudes que les autres.
Ce 8 mars, je suis affichée dans les rues de Toulouse dans le cadre de l’exposition « Femmes remarquables, femmes inspirantes ». Mais ce que l’affiche ne dit pas, ce que l’affiche ne montre pas, c’est que je n’y aurais jamais été sans le courage de ma mère.
Et ce 8 mars, May m’a donné la possibilité de mettre des « Mots à l’Affiche ».
Mes mots à l’affiche.
En cette journée Internationale des droits des femmes, j’ai voulu que pour une fois ce soit les mères célibataires qui prennent l’affiche. Leur dédier cette affiche à elles, et évidemment, plus que tout, dédier cette affiche à ma mère.