Cette histoire commence en été, un été de soleil, de romarin et de figues du marché. Je corrige mon manuscrit pour lequel je viens de signer un contrat de publication, il s’appelle L’autre part, et je ne le sais pas encore, je porte aussi en moi mon autre part.
Dans l’attente de cette enfant de printemps, dans mon impatience aussi, je m’adresse souvent à elle. Je griffonne entre les marges, sur des carnets, j’écris pour essayer de retenir ce qui me traverse, pour mieux saisir l’aube qui me tend les bras, j’écris pour dompter le seuil, son vertige, l’idée que je ne suis déjà plus tout à fait la même, et déjà bientôt une autre.
Ma fille nait le premier jour de mai, quelques mois avant la parution de mon premier roman, et je continue de lui écrire à chaque saison. Je parle aussi, j’écoute d’autres femmes, et je me construis en tant que mère avec la certitude de n’être plus jamais seule. La nuit, je pense aux fenêtres allumées, aux bras qui bercent sous les étoiles, à ce que la parole peut, je songe à tout ce dont je ne me serais pas cru capable, à nos puissances insoupçonnées, et à l’amour, surtout, à l’amour.
Créer ces affiches avec May était une évidence, comme un écho à nos deux étés, d’attente et de rencontre. Dans ces textes, j’ai voulu écrire comme on murmure des mantras, écrire ce dont je voudrais me souvenir toujours, pour dire à toutes les femmes qui sont depuis des années, tout juste, ou seront bientôt mères : vous n’êtes pas seules, vous êtes le monde.